【Emile Zola】Le Ventre de Paris III (53)
Il souffrait encore de ce milieu grossier, dont les paroles et les
gestes semblaient avoir pris de l’odeur. Il était bon enfant pourtant, ne
s’effarouchait guère. Les femmes seules le gênaient. Il ne se sentait à l’aise
qu’avec madame François, qu’il avait revue. Elle témoigna une si belle joie
108
de le savoir placé, heureux, tiré de peine, comme elle disait, qu’il en fut
tout attendri. Lisa, la Normande, les autres, l’inquiétaient avec leurs rires.
À elle, il aurait tout conté. Elle ne riait pas pour se moquer ; elle avait un
rire de femme heureuse de la joie d’autrui. Puis, c’était une vaillante ; elle
faisait un dur métier, l’hiver, les jours de gelée ; les temps de pluie étaient
plus pénibles encore. Florent la vit certains matins, par de terribles averses,
par des pluies qui tombaient depuis la veille, lentes et froides. Les roues
de la voiture, de Nanterre à Paris, étaient entrées dans la boue jusqu’aux
moyeux. Balthazar avait de la crotte jusqu’au ventre. Et elle le plaignait, elle
s’apitoyait, en l’essuyant avec de vieux tabliers.
– Ces bêtes, disait-elle c’est très douillet ; ça prend des coliques pour un
rien… Ah ! mon pauvre vieux Balthazar ! Quand nous avons passé sur le
pont de Neuilly, j’ai cru que nous étions descendus dans la Seine, tant il
pleuvait.