【Emile Zola】Le Ventre de Paris III (74)
Elle était persuadée qu’il mangeait ses appointements chez les Méhudin.
Elle ne sortit qu’une fois de son attitude calme, de cette réserve de
tempérament et de calcul. La belle Normande avait fait cadeau à Florent
d’un saumon superbe. Celui-ci, très embarrassé de son saumon, n’ayant pas
osé le refuser, l’apporta à la belle Lisa.
– Vous en ferez un pâté, dit-il ingénument.
Elle le regardait fixement, les lèvres blanches ; puis, d’une voix qu’elle
tâchait de contenir :
– Est-ce que vous croyez que nous avons besoin de nourriture, par
exemple ! Dieu merci ! il y a assez à manger ici !… Remportez-le !
– Mais faites-le-moi cuire, au moins, reprit Florent, étonné de sa colère ;
je le mangerai.
Alors elle éclata.
– La maison n’est pas une auberge, peut-être ! Dites aux personnes qui
vous l’ont donné de le faire cuire, si elles veulent. Moi, je n’ai pas envie
d’empester mes casseroles… Remportez-le, entendez-vous !