【Emile Zola】Le Ventre de Paris III (89)
– C’est Clémence, interrompit la Sarriette, une grande sèche, qui fait la
dinde, parce qu’elle est allée en pension. Elle est avec un professeur râpé…
Je les ai vus ensemble ; ils ont toujours l’air de se conduire au poste.
– Je sais, je sais, reprit la vieille, qui connaissait son Charvet et
sa Clémence à merveille, et qui parlait uniquement pour inquiéter la
charcutière.
Celle-ci ne bronchait pas. Elle avait l’air de regarder quelque chose de
très intéressant, dans les Halles. Alors, l’autre employa les grands moyens.
Elle s’adressa à madame Lecœur :
– Je voulais vous dire, vous feriez bien de conseiller à votre beau-frère
d’être prudent. Ils crient des choses à faire trembler, dans ce cabinet. Les
hommes, vraiment, ça n’est pas raisonnable, avec leur politique. Si on les
entendait, n’est-ce pas ? ça pourrait très mal tourner pour eux.
– Gavard fait ce qui lui plaît, soupira madame Lecœur. Il ne manque plus
que ça. L’inquiétude m’achèvera, s’il se fait jamais jeter en prison.
Et une lueur parut dans ses yeux brouillés. Mais la Sarriette riait, secouant
sa petite figure toute fraîche de l’air du matin.