【Emile Zola】Le Ventre de Paris III (101)
Lisa resta toute droite, comme étourdie. Sa colère tomba.
– Tu as raison, il y a l’héritage… Voilà le compte, dans ce tiroir. Il n’en
a pas voulu, tu étais là, tu te souviens ? Cela prouve que c’est un garçon
sans cervelle et sans conduite. S’il avait la moindre idée, il aurait déjà fait
quelque chose avec cet argent… Moi, je voudrais bien ne plus l’avoir, ça
nous débarrasserait… Je lui en ai déjà parlé deux fois ; mais il refuse de
m’écouter. Tu devrais le décider à le prendre, toi… Tâche d’en causer avec
lui, n’est-ce pas ?
Quenu répondit par un grognement, Lisa évita d’insister, ayant mis,
croyait-elle, toute l’honnêteté de son côté.
– Non, ce n’est pas un garçon comme un autre, recommença-t-elle. Il
n’est pas rassurant, que veux-tu ! Je te dis ça, parce que nous en causons… Je
ne m’occupe pas de sa conduite, qui fait déjà beaucoup jaser sur nous dans
le quartier. Qu’il mange, qu’il couche, qu’il nous gêne, on peut le tolérer.
Seulement, ce que je ne lui permettrai pas, c’est de nous fourrer dans sa
politique. S’il te monte encore la tête, s’il nous compromet le moins du
monde, je t’avertis que je me débarrasserai de lui carrément… Je t’avertis,
tu comprends !