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CHAPTER VIII

时间:2020-10-06来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:L'atelier ouvrait le matin de six heuresonze heures en t, de huit heuresune heure en hiver. Le mercredi, il y avait une
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 L'atelier ouvrait le matin de six heures à onze heures en été, de huit heures à une heure en hiver. Le mercredi, il y avait une prolongation de travail d'une heure «l'heure du torse», pour finir le torse commencé la veille: heure supplémentaire payée par la cotisation des élèves. Trois semaines de modèle d'homme, une semaine de modèle de femme, faisaient le mois.
 
Pendant ces cinq heures d'étude quotidienne, pendant ce travail d'après nature se continuant des mois, des années, Anatole vit défiler les plus beaux corps du temps, l'humanité de choix qui sert de leçon à l'artiste, les statues vivantes qui conservent les lois de proportion, le canon de l'homme et de la femme, les types qui dessinent le nu viril ou féminin, l'élégance ou la force, la délicatesse ou la puissance, les lignes avec leurs oppositions, les contours avec leur sexe, les formes avec leur style.
 
Anatole dessina: il fit la longue éducation de son œil et de son fusain; il apprit à bâtir une académie d'après tous ces corps fameux qui ont laissé leur mémoire dans les tableaux de l'époque:—le corps de Dubosc, ce corps merveilleux de cinquante-cinq ans, qui avait conservé la souplesse et l'harmonieux équilibre de la jeunesse;—le corps de Gilbert, ce corps tout plein des trous d'une sculpture à la Puget, de Gilbert, le modèle pour les satyres, les convulsionnaires, les ardents. Il dessina d'après ce corps de Waill, le corps d'un éphèbe florentin, le torse ciselé, les pectoraux accusés sur l'adolescence de la poitrine, les jambes fines et montrant la souple élégance, la longueur filante d'un dessin italien du seizième siècle, des formes de cire sur des muscles d'acier;—le corps de Thomas l'Ours, cet ancien lutteur de Lyon, renvoyé de son régiment à cause de son appétit, le vorace qui prenait son café au lait dans une terrine de sculpteur avec un pain de six livres, et que nourrissaient par commisération les domestiques de Rothschild; un corps de damné de Michel-Ange, les épaules d'Atlas, une musculature de Crotoniate et d'animal dévorateur où les mouvements faisaient courir des houles sous la peau. Anatole eut encore les corps de grâce sauvage, nerveux, ondulants, élastiques, du nègre Saïd, du nègre Joseph de la Martinique, le nègre à la taille de femme, aux bras ronds, qui charmait les fatigues de sa pose par des monologues à demi-voix, gazouillés dans la langue de son pays. Il eut la fin de ces modèles héroïques, à constitution homérique, formés dans l'atelier de David, la poitrine élargie comme à l'air de ces grandes toiles antiques; vieux débris d'un Empire de l'art, auxquels l'atelier ne manquait jamais de faire la charité d'habitude avec les vieux modèles, ce qu'on appelle «un cornet», une feuille de papier tournée par un des nouveaux, qui circule, et où chacun met le fond de sa poche.
 
La femme, le corps de la femme, les modes diverses et contraires de sa beauté, Anatole les apprit sur ces corps:—les corps des trois Marix, le trio de Juives dont l'une a sa superbe nudité peinte dans la Renommée de l'Hémicycle de Delaroche;—le corps de Julie Waill, aux formes pleines, à la tête de Junon, à la grande bouche romaine, aux grands beaux yeux énormes de la Tegée de Pompéi;—le corps de madame Legois, le type du modèle pour le dessin classique du ventre et des jambes;—le corps mince, nerveux, distingué dans la maigreur, de Marie Poitou, une nature de sainte, de martyre, de mystique; le corps androgyne de Caroline l'Allemande, qui a posé les bras du Saint-Symphorien de M. Ingres, ennemi des modèles d'hommes, et disant «qu'ils puaient»;—le corps de Georgette, à la taille d'anguille, aux reins serpentins, l'idéal dans un type égyptiaque de la ligne de beauté professée par Hogarth;—le corps à la Rubens, la poitrine exubérante, les jambes magnifiques de Juliette;—le corps de Caroline Alibert, le corps d'une Ourania du Primatice, allongé, effilé, avec des extrémités si souples qu'elle faisait, d'un mouvement, passer tous les doigts d'une de ses mains l'un sous l'autre;—le corps fluet, maigriot, élancé et charmant de Cœlina Cerf, avec ses formes hésitantes de petite fille et de femme, ses lignes d'une ingénue de roman grec,—le plus jeune des modèles, si jeune que les élèves lui payaient, quand elle posait une livre de sucre d'orge.
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