【法语版】L'île au trésor 金银岛 III (3)
III La marque noire (3)
Tout en parlant, il s’était soulevé sur son lit, et prenant mon épaule pour
point d’appui, avec une force qui me fit presque crier de douleur, il essaya
de faire quelques pas dans la chambre. Mais ses jambes semblaient être de
plomb, et sa voix de plus en plus faible était peu en harmonie avec le sens
menaçant de ses paroles. Il s’arrêta et s’assit au bord du lit.
« Ce docteur m’a tué, dit-il. Voilà que j’ai des bourdonnements dans la
tête. Aide-moi à me recoucher… »
Avant que j’eusse eu le temps de faire ce qu’il désirait, il était retombé
sur son oreiller. Assez longtemps il resta silencieux.
« Jim, reprit-il enfin, tu as bien vu ce marin, aujourd’hui ?
– Chien-Noir ?
– Chien-Noir… C’est un mauvais gredin, vois-tu ; mais ceux qui
l’envoient valent encore moins que lui… Écoute-moi un peu, mon petit
Jim. Si, pour une raison ou une autre, il m’est impossible de partir, s’ils me
prennent au gîte et me remettent la marque noire, rappelle-toi que c’est à
mon vieux coffre qu’ils en veulent. Eh bien, alors, ne perds pas une minute.
Enfourche un cheval – tu sais te tenir à cheval, n’est-ce pas ? – enfourche
le premier cheval venu et va-t’en à bride abattue chez… oui ! chez lui !
… chez ce maudit docteur !… Tu lui diras de rassembler le plus de monde
qu’il pourra, – les magistrats, la police, tout le tremblement, s’il veut pincer
ici, à bord de l’Amiral-Benbow, la bande entière du vieux Flint, ce qui en
reste, au moins, mousses et matelots !… Tel que tu me vois, petit, j’étais son
second, au vieux Flint, – et seul je connais la cachette… Il m’en a confié le
secret à Savannah, à son lit de mort, – comme qui dirait dans l’état où je suis
maintenant, comprends-tu ?… Mais pas un mot de tout ceci, à moins qu’ils
ne m’envoient la marque noire, ou que tu ne voies rôder par ici soit ChienNoir,
soit le marin à la jambe de bois, lui surtout, Jim !…