【法语版】L'île au trésor 金银岛IV (2)
IV Le coffre du capitaine (2)
Le village n’était heureusement pas fort éloigné, quoique caché par
les falaises ; il s’élevait à l’extrémité de la baie voisine de la nôtre, et –
circonstance qui me rassurait le plus – dans la direction opposée à celle d’où
le mendiant était venu et où, sans doute, il était retourné. À peine fûmesnous
vingt minutes en route, quoiqu’il fallût nous arrêter de temps en temps
pour reprendre haleine, en prêtant l’oreille, serrés l’un contre l’autre. Mais
on n’entendait aucun bruit inusité, rien que la cadence du flot qui lavait la
plage, et le croassement des corbeaux dans le bois.
Des lumières brillaient déjà dans les maisons du village et je n’oublierai
jamais le plaisir que me causa la vue de ces portes et fenêtres éclairées. À
ce réconfort devait d’ailleurs se limiter tout le secours que nous devions y
trouver. Personne ne voulut consentir à venir avec nous à l’Amiral-Benbow.
Les hommes, au moins, auraient pu rougir de se montrer si pusillanimes.
Plus nous insistions sur nos craintes, plus ils s’accrochaient tous, hommes,
femmes et enfants, à l’abri tutélaire de leurs maisons. Le nom du capitaine
Flint, qui m’était inconnu quand je l’avais entendu prononcer par notre
défunt locataire, n’était que trop familier par là et portait la terreur avec
lui. Quelques paysans, qui avaient travaillé aux champs de l’autre côté
de l’auberge, déclaraient avoir remarqué sur la route des étrangers qu’ils
avaient pris pour des contrebandiers, et s’être hâtés de décamper, dans le
but de n’être pas impliqués dans l’affaire. L’un d’eux assurait avoir vu un
petit cotre à l’ancre dans une crique que nous appelions le Trou-de-Kitts. Du
reste, n’importe qui s’intitulait le camarade du feu Capitaine devenait par
cela même suspect. Bref, les volontaires s’offraient en foule pour s’en aller
à cheval prévenir le docteur Livesey, dans la direction opposée à l’AmiralBenbow,
mais pas un ne consentait à venir avec nous défendre l’auberge.