【法语版】L'île au trésor 金银岛IV (3)
IV Le coffre du capitaine (3)
On dit que la lâcheté est contagieuse. Mais, d’autre part, la discussion
relève souvent les courages. C’est précisément ce qui arriva à ma
mère. Quand chacun eut donné son avis, elle prit la parole. Rien ne
pouvait l’empêcher, disait-elle, de tenter un effort pour sauver l’argent qui
appartenait à son fils orphelin.
« Si nul de vous n’ose venir à notre aide, dit-elle, Jim et moi nous irons
tout seuls. Oui, nous retournerons chez nous, comme nous sommes venus,
et nous nous passerons de vous, poules mouillées que vous êtes !… Nous
ouvrirons le coffre, dussions-nous payer ce devoir de notre vie. Tout ce que
je vous demande, mistress Crowley, c’est de nous prêter le sac que je vois
là, pour emporter l’argent qui nous appartient légitimement. »
Je déclarai, bien entendu, que j’étais prêt à escorter ma mère et, bien
entendu aussi, on poussa les hauts cris sur notre témérité. Mais n’empêche
que pas un seul homme n’eut le courage de partir avec nous. On consentit
seulement à me prêter un pistolet chargé, en cas d’attaque, et l’on promit
de nous tenir des chevaux tout sellés, pour notre retour, en cas de poursuite.
En outre, il fut convenu qu’un gars serait immédiatement envoyé au docteur
Livesey pour demander l’appui de la force armée.
Je puis dire que le cœur me battait de belle manière quand nous partîmes
tous les deux dans la nuit noire, maman et moi, en cette périlleuse aventure.
La lune, qui se trouvait dans son plein, se levait à peine et commençait à
montrer un bord rougeâtre au-dessus du brouillard. Raison de plus de nous
hâter, car il était évident qu’il ferait clair comme en plein jour avant que nous
eussions fini, et dès lors notre départ serait signalé, s’il y avait des espions
en campagne. Nous nous glissions donc rapidement le long des haies, en
faisant le moins de bruit possible. Nous arrivâmes ainsi chez nous sans avoir
rien vu ou entendu de suspect, et c’est avec un véritable soulagement que
nous refermâmes sur nous la porte de l’Amiral-Benbow.