【法语版】L'île au trésor XXXIII (2)
XXXIII La fin d’un règne (2)
– Cherchez toujours, mes enfants, répliqua Silver avec la plus froide
insolence. Cherchez ! peut-être trouverez-vous des truffes !
– Des truffes ! glapit George Merry. Camarades, vous l’entendez ? Je
vous dis, moi, que cet homme savait tout le temps à quoi s’en tenir. Il n’y a
qu’à le voir… C’est écrit sur sa figure !…
– Ah ! ah ! George Merry, encore cette candidature ! répondit Silver.
Vous tenez décidément à être capitaine ! »
Mais cette fois tous étaient pour Merry. L’un après l’autre ils sortirent de
l’excavation en jetant derrière eux des regards furieux. Un point me parut
de bon augure : ils avaient soin de remonter du côté opposé à Silver.
Nous voilà donc deux d’un côté, cinq de l’autre, avec le trou entre
nous… Personne ne se décidait pourtant à frapper le premier coup. Silver
ne bougeait pas. Il les observait, très droit sur sa béquille, aussi calme que
jamais. Brave, à coup sûr, il l’était.
À la fin, Merry parut croire qu’un petit discours serait en situation :
« Camarades, dit-il, ils ne sont que deux contre nous : l’infirme qui nous
a conduits ici pour aboutir à ce beau résultat, et le petit louveteau qui nous
a trahis !… Allons, camarades !… »
Il levait le bras en parlant et s’apprêtait sans doute à donner l’exemple,
quand tout à coup… pif !… paf !… pan !… trois coups de fusil éclatèrent
dans le taillis voisin. Merry tomba dans le trou, la tête la première ; l’homme
aux bandelettes tourna sur lui-même comme une toupie et s’abattit sur le
côté, frappé à mort, mais encore agité de convulsions suprêmes ; les trois
autres tournèrent les talons et prirent la fuite sans demander leur reste.
Au même instant, le docteur, Gray et Ben Gunn sortirent du taillis et nous
rejoignirent, tenant leurs fusils encore fumants.