【法语版】L'île au trésor 金银岛IV (1)
IV Le coffre du capitaine (1)
J’informai ma mère, sans plus tarder, de tout ce que j’aurais assurément
mieux fait de lui dire plus tôt. Nous nous trouvions placés dans une position
difficile et périlleuse, – il ne pouvait y avoir de doute à cet égard. Une
partie de l’argent de cet homme – si tant il y a qu’il eût de l’argent – nous
était incontestablement due. Mais il était peu probable que les camarades
du Capitaine, à les juger par Chien-Noir et l’aveugle, seuls spécimens que
je connusse du genre, fussent d’avis d’abandonner leur proie pour payer
les dettes du mort. L’ordre que m’avait donné le Capitaine d’enfourcher un
cheval et de courir chez le docteur Livesey me revenait bien à la pensée.
Mais pour l’exécuter, il aurait fallu laisser ma mère sans protection dans un
pareil moment : il n’y avait pas à y songer.
La vérité d’ailleurs, c’est que l’idée seule de rester une minute de plus
dans la maison nous terrifiait tous les deux : la chute d’un charbon dans
l’âtre, le tic-tac de la pendule nous remplissaient d’épouvante. La route
noire et solitaire nous semblait à chaque instant pleine de piétinements
lointains. L’image du Capitaine étendu mort dans le parloir, l’idée que ce
détestable aveugle était peut-être embusqué dans le voisinage et sur le point
de reparaître, me glaçaient, comme on dit, dans ma peau. Il fallait prendre
un parti immédiat : nous nous arrêtâmes à celui de partir ensemble pour
demander de l’aide au village voisin. Aussitôt fait que dit : nous voilà partis
nu-tête, courant sur la route dans le crépuscule qui tombait, par le brouillard
et la gelée.