【法语版】L'île au trésor 金银岛 III (8)
III La marque noire (8)
Et, me lâchant aussitôt, il glissa hors du parloir avec une sûreté de
mouvements et une rapidité presque incroyables, sauta sur la route et
disparut. J’étais encore immobile de surprise quand j’entendis le tap-tap-tap
de son bâton se perdre dans l’éloignement.
Le Capitaine était resté aussi stupéfait que moi. Mais enfin, et presque
au même moment, je lâchai son poignet, que je tenais toujours, et il regarda
vivement dans la paume de sa main :
« À dix heures ! s’écria-t-il. Nous avons six heures à nous !… nous
pouvons encore les rouler !… »
Et il sauta sur ses pieds. Au même instant, il chancela, porta la main à
sa gorge, puis s’abattit tout de son long sur le sol avec un bruit sourd. Je
courus à lui, appelant ma mère à grands cris. Mais il n’y avait plus besoin de
se presser… Le Capitaine venait de tomber mort, foudroyé par l’apoplexie.
Chose étrange : je ne l’avais jamais aimé, quoiqu’il eût fini par m’inspirer
une certaine pitié ; et pourtant, quand je le vis parti pour toujours, je ne
pus retenir mes larmes. C’était la seconde fois que je voyais la mort, et la
première faisait encore saigner mon cœur.