【法语版】L'île au trésor 金银岛XIII (2)
XIII Comment je débarquai (2)
Nous avions en perspective une matinée de rude labeur ; car il n’y
avait pas le moindre souffle de vent, et il fallait par conséquent mettre les
canots à la mer pour remorquer le schooner, à la rame, l’espace de trois ou
quatre milles, jusqu’à l’étroit goulet qui conduisait au havre du Squelette.
Je m’offris à aller dans un des canots, où je n’avais naturellement que faire.
Il faisait une chaleur accablante et les hommes pestaient de leur mieux en
poussant l’aviron. Le canot où je me trouvais avait pour chef Andersen, qui,
au lieu de maintenir la discipline, murmurait plus haut que les autres :
« Enfin, dit-il en jurant, ce n’est pas pour toujours, heureusement ! »
Cela me parut fort mauvais signe, car jusqu’à ce moment les hommes
avaient travaillé de bon cœur et de bonne humeur. Évidemment, la vue seule
de l’île suffisait à mettre toutes les cervelles en ébullition.
Pendant toute la durée de cette laborieuse manœuvre, John Silver, debout
dans le canot de tête, servit de pilote ; il connaissait manifestement la
passe comme sa poche, et, quoique l’homme qui tenait la sonde trouvât
fréquemment plus ou moins d’eau que n’en indiquait la carte, John Silver
n’hésita pas une seule fois.
Nous nous arrêtâmes à l’endroit même où une ancre était marquée sur la
carte, à un tiers de mille environ de la côte, entre la terre et l’île du Squelette.
Le fond de la mer était du sable fin. La chute de notre ancre mit en rumeur des
milliers d’oiseaux qui s’élevèrent en tournoyant au-dessus des bois. Mais
ils redescendirent en moins de quatre ou cinq minutes, et tout retomba dans
le silence.