Il se fit tout à coup un silence de mort. « Que vont-ils faire à présent ? »
pensa Alice. « S’ils avaient un peu d’esprit, ils enlèveraient le toit » Quelques
minutes après, les allées et venues recommencèrent, et Alice entendit le
Lapin, qui disait : « Une brouettée d’abord, ça suffira. »
« Une brouettée de quoi ? » pensa Alice. Il ne lui resta bientôt plus de
doute, car, un instant après, une grêle de petits cailloux vint battre contre
la fenêtre, et quelques-uns même l’atteignirent au visage. « Je vais bientôt
mettre fin à cela, » se dit-elle ; puis elle cria : « Vous ferez bien de ne pas
recommencer. » Ce qui produisit encore un profond silence.
Alice remarqua, avec quelque surprise, qu’en tombant sur le plancher les
cailloux se changeaient en petits gâteaux, et une brillante idée lui traversa
l’esprit. « Si je mange un de ces gâteaux, » pensa-t-elle, « cela ne manquera
pas de me faire ou grandir ou rapetisser ; or, je ne puis plus grandir, c’est
impossible, donc je rapetisserai ! »
Elle avala un des gâteaux, et s’aperçut avec joie qu’elle diminuait
rapidement. Aussitôt qu’elle fut assez petite pour passer par la porte, elle
s’échappa de la maison, et trouva toute une foule d’oiseaux et d’autres petits
animaux qui attendaient dehors. Le pauvre petit lézard, Jacques, était au
milieu d’eux, soutenu par des cochons d’Inde, qui le faisaient boire à une
bouteille. Tous se précipitèrent sur Alice aussitôt qu’elle parut ; mais elle
se mit à courir de toutes ses forces, et se trouva bientôt en sûreté dans un
bois touffu.