CHAPITRE X Le Quadrille de Homards (6)
Alice ne dit rien ; elle s’était rassise, la figure dans ses mains, se
demandant avec étonnement si jamais les choses reprend raient leur cours
naturel.
« Je voudrais bien qu’on m’expliquât cela, » dit la Fausse-Tortue.
« Elle ne peut pas l’expliquer, » dit le Griffon vivement. « Continuez,
récitez les vers suivants. "
« Mais, les pieds en dehors » continua opiniâtrement la Fausse-Tortue.
« Pourquoi dire qu’il avait les pieds en dehors ? »
« C’est la première position lorsqu’on apprend à danser, » dit Alice ; tout
cela l’embarrassait fort, et il lui tardait de changer la conversation.
« Récitez les vers suivants, » répéta le Griffon avec impatience ; « ça
commence : "Passant près de chez lui" ».
Alice n’osa pas désobéir, bien qu’elle fût sûre que les mots allaient lui
venir tout de travers. Elle continua donc d’une voix tremblante :
« Passant près de chez lui, j’ai vu, ne vous déplaise,
Une huître et un hibou qui dînaient fort à l’aise. »
« À quoi bon répéter tout ce galimatias, » interrompit la Fausse-Tortue,
« si vous ne l’expliquez pas à mesure que vous le dites ? C’est, de beaucoup,
ce que j’ai entendu de plus embrouillant. »
« Oui, je crois que vous feriez bien d’en rester là, » dit le Griffon ; et
Alice ne demanda pas mieux.