【Emile Zola】Le Ventre de Paris I (32)
Ils tombèrent d’accord à vingt-cinq. Madame François était pressée de
s’en aller. Lorsque Lacaille se fut éloigné, avec ses carottes dans son sac :
– Voyez-vous, il me guettait, dit-elle à Florent. Ce vieux-là râle sur tout le
marché ; il attend quelquefois le dernier coup de cloche, pour acheter quatre
sous de marchandise... Ah ! ces Parisiens ! ça se chamaille pour deux liards,
et ça va boire le fond de sa bourse chez le marchand de vin.
Quand madame François parlait de Paris, elle était pleine d’ironie et de
dédain ; elle le traitait en ville très éloignée, tout à fait ridicule et méprisable,
dans laquelle elle ne consentait à mettre les pieds que la nuit.
– À présent, je puis m’en aller, reprit-elle en s’asseyant de nouveau près
de Florent, sur les légumes d’une voisine.
Florent baissait la tête, il venait de commettre un vol. Quand Lacaille
s’en était allé, il avait aperçu une carotte par terre. Il l’avait ramassée, il la
tenait serrée dans sa main droite. Derrière lui, des paquets de céleris, des tas
de persil mettaient des odeurs irritantes qui le prenaient à la gorge.