【Emile Zola】Le Ventre de Paris II (33)
Florent, ami des garçons, gâté par son frère, accepté par Lisa, finit par
s’ennuyer terriblement. Il avait cherché des leçons sans pouvoir en trouver.
Il évitait, d’ailleurs, d’aller dans le quartier des Écoles, où il craignait
d’être reconnu. Lisa, doucement, lui disait qu’il ferait bien de s’adresser aux
maisons de commerce ; il pouvait faire la correspondance, tenir les écritures.
Elle revenait toujours à cette idée, et finit par s’offrir pour lui trouver une
place. Elle s’irritait peu à peu de le rencontrer sans cesse dans ses jambes,
oisif, ne sachant que faire de son corps. D’abord, ce ne fut qu’une haine
raisonnée des gens qui se croisent les bras et qui mangent, sans qu’elle
songeât encore à lui reprocher de manger chez elle. Elle lui disait :
– Moi, je ne pourrais pas vivre à rêvasser toute la journée. Vous ne devez
pas avoir faim, le soir... Il faut vous fatiguer, voyez-vous.
Gavard, de son côté, cherchait une place pour Florent. Mais il cherchait
d’une façon extraordinaire et tout à fait souterraine. Il aurait voulu trouver
quelque emploi dramatique ou simplement d’une ironie amère, qui convînt à
« un proscrit. » Gavard était un homme d’opposition. Il venait de dépasser la
cinquantaine, et se vantait d’avoir déjà dit leur fait à quatre gouvernements.