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【Emile Zola】Le Ventre de Paris II (36)

时间:2021-11-07来源:互联网 进入法语论坛
核心提示:【Emile Zola】Le Ventre de Paris II (36)Commeil rendait visite aux Quenu-Gradelle presque journellement, il se rapproch
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【Emile Zola】Le Ventre de Paris II (36)


 Commeil rendait visite aux Quenu-Gradelle presque journellement, il se rapprocha
d’eux,  vint  habiter  rue  de  la  Cossonnerie.  Ce  fut  là  que  les  Halles  le
séduisirent,  avec  leur  vacarme,  leurs  commérages  énormes.  Il  se  décida  à
louer une place au pavillon de la volaille, uniquement pour se distraire, pour
occuper ses journées vides des cancans du marché. Alors, il vécut dans des
jacasseries sans fin, au courant des plus minces scandales du quartier, la tête
bourdonnante du continuel glapissement de voix qui l’entourait. Il y goûtait
mille joies chatouillantes, béat, ayant trouvé son élément, s’y enfonçant avec
des  voluptés  de  carpe  nageant  au  soleil.  Florent  allait  parfois  lui  serrer  la
main, à sa boutique. Les après-midi étaient encore très chaudes. Le long des
allées étroites, les femmes, assises, plumaient. Des raies de soleil tombaient
entre les tentes relevées, les plumes volaient sous les doigts, pareilles à une
neige  dansante,  dans  l’air  ardent,  dans  la  poussière  d’or  des  rayons.  Des
appels, toute une traînée d’offres et de caresses, suivaient Florent. « Un beau
canard,  monsieur  ?...  Venez  me  voir...  J’ai  de  bien  jolis  poulets  gras...
Monsieur, monsieur, achetez-moi cette paire de pigeons... » Il se dégageait,
gêné, assourdi. Les femmes continuaient à plumer en se le disputant, et des
vols de fin duvet s’abattaient, le suffoquaient d’une fumée, comme chauffée
et épaissie encore par l’odeur forte des volailles. Enfin, au milieu de l’allée,
près  des  fontaines,  il  trouvait  Gavard,  en  manches  de  chemise,  les  bras
croisés sur la bavette de son tablier bleu, pérorant devant sa boutique. Là,
Gavard  régnait,  avec  des  mines  de  bon  prince,  au  milieu  d’un  groupe  de
dix  à  douze  femmes.  Il  était  le  seul  homme  du  marché.  Il  avait  la  langue
tellement longue, qu’après s’être fâché avec les cinq ou six filles qu’il prit
successivement pour tenir sa boutique, il se décida à vendre sa marchandise
lui-même,  disant  naïvement  que  ces  pécores  passaient  leur  sainte  journée
à  cancaner,  et  qu’il  ne  pouvait  en  venir  à  bout.  Comme  il  fallait  pourtant
que  quelqu’un  gardât  sa  place,  lorsqu’il  s’absentait,  il  recueillit  Marjolin
qui battait le pavé, après avoir tenté tous les menus métiers des Halles.
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