Puis, je n’ai envie de rien... Est-ce qu’il vous reste des côtelettes panées,
madame Quenu ?
Sans attendre la réponse, elle souleva un des couvercles de l’étuve de
melchior. C’était le côté des andouilles, des saucisses et des boudins. Le
réchaud était froid, il n’y avait plus qu’une saucisse plate, oubliée sur la
grille.
– Voyez de l’autre côté, mademoiselle Saget, dit la charcutière. Je crois
qu’il reste une côtelette.
– Non, ça ne me dit pas, murmura la petite vieille, qui glissa toutefois son
nez sous le second couvercle. J’avais un caprice, mais les côtelettes panées,
le soir, c’est trop lourd... J’aime mieux quelque chose que je ne sois pas
même obligée de faire chauffer.
Elle s’était tournée du côté de Florent, elle le regardait, elle regardait
Gavard, qui battait la retraite du bout de ses doigts, sur la table de marbre ;
et elle les invitait d’un sourire à continuer la conversation.
– Pourquoi n’achetez-vous pas un morceau de petit salé ? demanda Lisa.
– Un morceau de petit salé, oui, tout de même...
Elle prit la fourchette à manche de métal blanc posée au bord du plat,
chipotant, piquant chaque morceau de petit salé. Elle donnait de légers coups
sur les os pour juger de leur épaisseur, les retournait, examinait les quelques
lambeaux de viande rose, en répétant :
– Non, non, ça ne me dit pas.
Alors, prenez une langue, un morceau de tête de cochon, une tranche de
veau piqué, dit la charcutière patiemment.