– Ne me donnez pas de cervelas, dit-elle, je n’aime pas ça.
Lisa avait pris un couteau mince et coupait des tranches de saucisson. Elle
passa au jambon fumé et au jambon ordinaire, détachant des filets délicats,
un peu courbée, les yeux sur le couteau. Ses mains potelées, d’un rose vif, qui
touchaient aux viandes avec des légèretés molles, en gardaient une sorte de
souplesse grasse, des doigts ventrus aux phalanges. Elle avança une terrine,
en demandant :
– Vous voulez du veau piqué, n’est-ce pas ?
Madame Lecœur parut se consulter longuement ; puis elle accepta. La
charcutière coupait maintenant dans des terrines. Elle prenait sur le bout
d’un couteau à large lame des tranches de veau piqué et de pâté de lièvre. Et
elle posait chaque tranche au milieu de la feuille de papier, sur les balances.
– Vous ne me donnez pas de la hure aux pistaches ? fit remarquer madame
Lecœur, de sa voix mauvaise.
Elle dut donner de la hure aux pistaches. Mais la marchande de beurre
devenait exigeante. Elle voulut deux tranches de galantine ; elle aimait ça.
Lisa, irritée déjà, jouant d’impatience avec le manche des couteaux, eut beau
lui dire que la galantine était truffée, qu’elle ne pouvait en mettre que dans
les assiettes assorties à trois francs la livre. L’autre continuait à fouiller les
plats, cherchant ce qu’elle allait demander encore. Quand l’assiette assortie
fut pesée, il fallut que la charcutière ajoutât de la gelée et des cornichons.