– Allez donc, allez donc, dit la belle Lisa. On sait bien à qui on a affaire.
La poissonnière sortit, sur un gros mot qui laissa la charcutière toute
tremblante. La scène s’était passée si rapidement, que les trois hommes,
abasourdis, n’avaient pas eu le temps d’intervenir. Lisa se remit bientôt.
Elle reprenait la conversation, sans faire aucune allusion à ce qui venait de
se passer, lorsque Augustine, la fille de boutique, rentra de course. Alors,
elle dit à Gavard, en le prenant en particulier, de ne pas rendre réponse
à monsieur Verlaque ; elle se chargeait de décider son beau-frère, elle
demandait deux jours, au plus. Quenu retourna à la cuisine. Comme Gavard
emmenait Florent, et qu’ils entraient prendre un vermout chez monsieur
Lebigre, il lui montra trois femmes, sous la rue couverte, entre le pavillon
de la marée et le pavillon de la volaille.
– Elles en débitent ! murmura-t-il, d’un air envieux.
Les Halles se vidaient, et il y avait là, en effet, mademoiselle Saget,
madame Lecœur et la Sarriette, au bord du trottoir. La vieille fille pérorait.
– Quand je vous le disais, madame Lecœur, votre beau-frère est toujours
fourré dans leur boutique… Vous l’avez vu, n’est-ce pas ?
– Oh ! de mes yeux vu ! Il était assis sur une table. Il semblait chez lui.
– Moi, interrompit la Sarriette, je n’ai rien entendu de mal… Je ne sais
pas pourquoi vous vous montez la tête.
Mademoiselle Saget haussa les épaules.