– Ah ! bien, reprit-elle, vous êtes encore d’une bonne pâte, vous, ma
belle !… Vous ne voyez donc pas pourquoi les Quenu attirent monsieur
Gavard ?… Je parie, moi, qu’il laissera tout ce qu’il possède à la petite
Pauline.
– Vous croyez cela ! s’écria madame Lecœur, blême de fureur.
Puis, elle reprit d’une voix dolente, comme si elle venait de recevoir un
grand coup :
– Je suis toute seule, je n’ai pas de défense, il peut bien faire ce qu’il
voudra, cet homme… Vous avez entendu, sa nièce est pour lui. Elle a oublié
ce qu’elle m’a coûté, elle me livrerait pieds et poings liés.
– Mais non, ma tante, dit la Sarriette, c’est vous qui n’avez jamais eu que
de vilaines paroles pour moi.
Elles se réconcilièrent sur-le-champ, elles s’embrassèrent. La nièce
promit de ne plus être taquine ; la tante jura, sur ce qu’elle avait de plus sacré,
qu’elle regardait la Sarriette comme sa propre fille. Alors mademoiselle
Saget leur donna des conseils sur la façon dont elles devaient se conduire
pour forcer Gavard à ne pas gaspiller son bien. Il fut convenu que les
QuenuGradelle étaient des pas grand-chose, et qu’on les surveillerait.
– Je ne sais quel micmac il y a chez eux, dit la vieille fille, mais ça ne
sent pas bon… Ce Florent, ce cousin de madame Quenu, qu’est-ce que vous
en pensez, vous autres ?
Les trois femmes se rapprochèrent, baissant la voix.