– Vous savez bien, reprit madame Lecœur, que nous l’avons vu, un matin,
les souliers percés, les habits couverts de poussière, avec l’air d’un voleur
qui a fait un mauvais coup… Il me fait peur, ce garçon-là.
– Non, il est maigre, mais il n’est pas vilain homme, murmura la Sarriette.
Mademoiselle Saget réfléchissait. Elle pensait tout haut
– Je cherche depuis quinze jours, je donne ma langue aux chiens…
monsieur Gavard le connaît certainement… J’ai dû le rencontrer quelque
part, je me souviens plus…
Elle fouillait encore sa mémoire, quand la Normande arriva comme une
tempête. Elle sortait de la charcuterie.
– Elle est polie, cette grande bête de Quenu ! s’écria-t-elle, heureuse de
se soulager. Est-ce qu’elle ne vient pas de me dire que je ne vendais que du
poisson pourri ! Ah ! je vous l’ai arrangée !… En voilà une baraque, avec
leurs cochonneries gâtées qui empoisonnent le monde !
– Qu’est-ce que vous lui aviez donc dit ? demanda la vieille, toute
frétillante, enchantée d’apprendre que les deux femmes s’étaient disputées.