【Emile Zola】Le Ventre de Paris III (38)
– Venez donc me voir, je vous arrangerai… Voulez-vous une paire de
soles, un beau turbot ?
Et, comme elle s’approchait enfin, et qu’elle flairait une barbue, avec la
moue rechignée que prennent les clientes pour payer moins cher :
– Pesez-moi ça, continua la belle Normande, en lui posant sur la main
ouverte la barbue enveloppée d’une feuille de gros papier jaune.
La bonne, une petite Auvergnate toute dolente, soupesait la barbue, lui
ouvrait les ouïes, toujours avec sa grimace, sans rien dire. Puis, comme à
regret :
– Et combien ?
– Quinze francs, répondit la poissonnière.
Alors l’autre remit vite le poisson sur le marbre. Elle parut se sauver.
Mais la belle Normande la retint.
– Voyons, dites votre prix.
– Non, non, c’est trop cher.
– Dites toujours.
– Si vous voulez huit francs ?