【Emile Zola】Le Ventre de Paris III (66)
Elle espérait arriver plus vite à connaître ainsi ce qu’elle appelait « le micmac
des Quenu. » Florent continuant à lui échapper. elle était un corps sans âme,
comme elle le disait elle-même, sans avouer la cause de ses doléances. Une
jeune fille courant après les culottes d’un garçon n’aurait pas été plus désolée
que cette terrible vieille, en sentant le secret du cousin lui glisser entre les
doigts. Elle guettait le cousin, le suivait, le déshabillait, le regardait partout,
avec une rage furieuse de ce que sa curiosité en rut ne parvenait pas à le
posséder. Depuis qu’il venait chez les Méhudin, elle ne quittait plus la rampe
de l’escalier. Puis, elle comprit que la belle Lisa était très irritée de voir
Florent fréquenter « ces femmes. » Tous les matins, elle lui donna alors des
nouvelles de la rue Pirouette. Elle entrait à la charcuterie, les jours de froid,
ratatinée, rapetissée par la gelée ; elle posait ses mains bleuies sur l’étuve
de melchior, se chauffant les doigts debout devant le comptoir, n’achetant
rien, répétant de sa voix fluette :
– Il était encore hier chez elles, il n’en sort plus… La Normande l’a
appelé « mon chéri » dans l’escalier.