【Emile Zola】Le Ventre de Paris III (93)
Il se sentit soulagé. Mais elle ajouta :
– On ne sait pas ce qui peut arriver ; si la police venait…
– Comment, la police ?
– Certainement, puisque tu t’occupes de politique, maintenant.
Il s’assit sur son séant, hors de lui, frappé en pleine poitrine par cette
attaque rude et imprévue.
– Je m’occupe de politique, je m’occupe de politique, répétait-il ; la
police n’a rien à voir là-dedans, je ne me compromets pas.
– Non, reprit Lise avec un haussement d’épaules, tu ries simplement de
faire fusiller tout le monde.
– Moi ! moi !
– Et tu cries cela chez un marchand de vin… Mademoiselle Saget t’a
entendu. Tout le quartier, à cette heure sait que tu es un rouge.
Du coup, il se recoucha. Il n’était pas encore bien éveillé. Les paroles
de Lisa retentissaient, comme s’il eût déjà entendu les fortes bottes des
gendarmes, à la porte de la chambre. Il la regardait, coiffée, serrée dans
son corset, sur son pied de toilette habituel, et il s’ahurissait davantage, à la
trouver si correcte dans cette circonstance dramatique.