【法语版】L'île au trésor 金银岛 III (6)
III La marque noire (6)
Il s’arrêta à quelques pas de l’auberge et, élevant la voix sur une sorte de
psalmodie monotone, s’adressa à l’espace devant lui :
« N’y a-t-il pas ici quelque bonne âme pour dire à un pauvre aveugle, –
qui a perdu la lumière du jour en défendant son gracieux pays, – Dieu bénisse
le roi George ! – où, dans quelle partie de ce pays il se trouve en ce moment ?
– Vous êtes devant l’auberge de l’Amiral-Benbow, à la baie de BlackHill,
mon brave homme, répondis-je aussitôt.
– J’entends une voix, une voix jeune, reprit-il sur le même ton. Voulezvous
être assez charitable, mon bon, mon cher petit ami, pour me donner la
main et me faire entrer ? »
Je tendis innocemment la main qu’on me demandait d’une manière si
insinuante, et je la sentis soudain prise comme dans un étau par cette horrible
créature sans yeux. Ma surprise et ma terreur furent si grandes, que je
commençai par me débattre pour essayer de me dégager. Mais d’un seul bras
l’aveugle me contint et m’attira tout près de lui.
« Maintenant, garçon, conduis-moi au Capitaine, dit-il.
– Monsieur, je n’ose pas, sur ma parole, je n’ose pas, répondis-je.
– Oh !… oh !… ricana l’aveugle, on veut résister ?… Conduis-moi à
l’instant ou je te casse le bras… »
Tout en parlant, il me le tordait de telle sorte, que je poussai un cri.
« Monsieur, repris-je, ce que j’en disais n’était que pour vous ! Le
Capitaine est tout changé depuis quelques jours… il ne se sépare plus de son
coutelas, qu’il tient tout ouvert… Un autre gentleman…
– Assez causé ! Marchons !… » interrompit l’aveugle.