【法语版】L'île au trésor 金银岛VII (7)
VII Le cuisinier du navire (7)
L’hôtel choisi par M. Trelawney se trouvait sur les quais mêmes. Il
pouvait ainsi surveiller de près l’armement du schooner. Nous nous y
rendîmes sans perdre de temps. On peut imaginer ma joie en voyant des
vaisseaux de tous tonnages et de tous pays. Ici, les matelots procédaient
en chantant à la toilette du pont. Là, ils étaient suspendus dans les airs à
des cordages qui ne me semblaient pas plus gros que des fils d’araignée.
Quoique j’eusse vécu toute ma vie au bord de la mer, il me semblait la voir
pour la première fois. L’odeur du goudron et de la marée même me paraissait
nouvelle. Je vis de merveilleuses figures de proue toutes dorées, qui avaient
sillonné les mers des deux mondes. J’aperçus de vieux marins avec des
boucles d’oreilles et des favoris en tire-bouchons, des queues goudronnées
et leur démarche maladroite. Je crois bien que la vue d’un roi ou d’un
archevêque ne m’aurait pas fait écarquiller de plus grands yeux.
Et moi aussi j’allais partir ! j’allais m’embarquer sur un vrai schooner
avec un maître d’équipage qui jouait du fifre, et des matelots à queue
goudronnée ! en mer à la recherche d’une île inconnue qui recélait
d’immenses trésors !
Tout en rêvant, nous étions arrivés à l’hôtel. Sur la porte nous trouvâmes
le squire Trelawney, revêtu d’un habit en beau drap bleu, galonné comme
celui d’un officier de marine. Il vint à nous avec un sourire, et je remarquai
qu’il avait déjà pris l’allure balancée des gens de mer.
« Enfin, vous voilà ! s’écria-t-il. Le docteur est arrivé hier de Londres.
Nous sommes au complet !
– Oh ! monsieur, quand partirons-nous, demandai-je.
– Demain », me répondit le squire.