【法语版】L'île au trésor XXXIV (3)
XXXIV Conclusion(3)
– J’ai de votre humanité, maître Silver, une trop médiocre idée pour
attendre de vous autre chose que de la surprise, reprit ironiquement le
docteur ; mais je vous déclare que si j’étais certain qu’ils fussent délirants,
comme je suis moralement sûr que l’un d’eux au moins est malade de la
fièvre, je quitterais le camp et, à tout risque, j’irais donner mes soins à ces
pauvres diables.
– Sauf votre respect, Monsieur, vous auriez tort, répliqua Silver. Vous y
laisseriez la vie, croyez-moi, et elle vaut mieux qu’un tel sort. Je suis avec
vous maintenant, – le cœur et la main, – je ne voudrais pas voir notre parti
perdre un homme, et surtout que cet homme fût vous, docteur, à qui je dois
tant. C’est pourquoi je vous avertis que ces gens sont incapables de tenir
leur parole, – même supposé qu’ils en eussent envie. Et qui plus est, ils sont
même incapables de croire que vous tiendrez la vôtre…
– Parbleu ! cela vous va bien de parler ainsi, dit le docteur, et vous nous
avez montré comment vous tenez une promesse. »
Ce soir-là, du reste, nous n’entendîmes plus rien qui indiquât la présence
des rebelles. Une autre fois, l’écho lointain d’un coup de fusil nous arriva,
et nous supposâmes qu’ils chassaient.
Un conseil fut tenu pour décider de leur sort, et il fut résolu de les
abandonner dans l’île, – à la grande joie de Ben Gunn et à l’entière
approbation de Gray. En conséquence, nous laissâmes dans la caverne, pour
leur usage, une grande quantité de poudre, la plus grande partie du chevreau
salé, une caisse de médicaments, des objets de première nécessité, tels que
vêtements, outils, une toile à voile, deux ou trois brasses de corde, et enfin –
sur le désir expressément formulé par le docteur – un beau présent de tabac.