【法语版】L'île au trésor XXXIV (4)
XXXIV Conclusion(4)
Ce fut le dernier acte de notre séjour dans l’île. Le trésor était embarqué,
nous avions pris de l’eau et la quantité de viande salée que nous jugions
nécessaire à nos besoins. Un beau matin, nous levâmes l’ancre, non sans
peine, car nous n’étions que trois au cabestan, et nous sortîmes de la baie
du Nord, avec le même pavillon flottant à notre corne que le capitaine avait
arboré sur le blockhaus.
Les trois proscrits nous avaient observés de plus près que nous ne
pensions, comme ils le prouvèrent bientôt, car, en sortant de la passe, nous
eûmes à ranger de très près la pointe sud, et, comme nous la longions, nous
les vîmes tous trois à genoux sur le sable, les bras tendus vers nous d’un
air suppliant.
Cela nous faisait mal de les abandonner ainsi dans cet état lamentable.
Mais nous ne pouvions pas courir le risque d’une seconde révolte, et les
ramener en Angleterre pour y être pendus semblait une assez pauvre faveur.
Le docteur les héla donc et leur dit que nous leur avions laissé des provisions,
en leur indiquant l’emplacement de la caverne. Mais ils n’en continuèrent
pas moins à nous appeler chacun par notre nom, en nous suppliant, pour
l’amour de Dieu, d’avoir pitié d’eux et de ne pas les condamner à périr dans
cet affreux désert.
Enfin, voyant que le schooner poursuivait sa route, l’un d’eux, je ne sais
lequel, sauta vivement sur ses pieds en poussant un cri rauque, épaula son
fusil et nous envoya une balle, qui siffla sur la tête de Silver pour aller se
perdre dans la grande voile.