【法语版】L'île au trésor 金银岛IV (5)
IV Le coffre du capitaine (5)
Cette victoire nous remplit d’espoir. Nous nous hâtâmes de monter chez
lui, dans la petite chambre qu’il avait occupée si longtemps et d’où le fameux
coffre n’avait pas bougé depuis le jour de son arrivée.
Ce coffre était semblable à toutes les malles de matelot, fait en bois dur,
usé aux coins comme s’il avait longtemps servi, et marqué sur le couvercle,
au fer rouge, d’un grand B.
« Donne-moi la clef, » me dit ma mère.
Et, malgré la dureté de la serrure, elle eut en un clin d’œil fait tourner le
pêne et rejeté le lourd couvercle en arrière.
Une forte odeur de tabac et de goudron s’exhala aussitôt. Nous ne vîmes
rien sur le dessus qu’un costume complet en fort bon état, proprement plié
et brossé. Comme le fit remarquer ma mère, ces vêtements ne devaient
même pas avoir été portés. Ils recouvraient un assemblage assez hétéroclite
de menus objets : quarts de cercle, gamelle d’étain, rouleaux de tabac,
deux paires de beaux pistolets, une barre d’argent fin, une vieille montre
espagnole, divers autres bijoux de peu de valeur et d’apparence exotique,
un compas monté en cuivre, cinq ou six coquilles d’Amérique. Depuis
combien de temps traînait-il ces coquilles avec lui, dans sa carrière errante,
périlleuse et coupable ?… Tout cela n’avait pas grand intérêt pour nous,
sauf les bijoux et la barre d’argent. Et encore, comment en tirer parti ?…
Aussi poursuivions-nous activement nos recherches. Le fond du coffre était
occupé par un vieux caban de matelot, blanchi par le sel de plus d’une plage
lointaine. Ma mère le tira avec impatience, et nous découvrîmes alors les
derniers objets que recélait la caisse, un paquet enveloppé de toile cirée et
qui nous parut rempli de papiers, puis un sac de toile d’où sortit, quand je
le touchai, un tintement d’or.