【法语版】L'île au trésor 金银岛IV (7)
IV Le coffre du capitaine (7)
Elle parlait encore, quand un coup de sifflet très prolongé se fit entendre
à une assez grande distance sur la hauteur. Cette fois, il ne fut plus question
de rester.
« J’emporterai ce que j’ai là ! dit ma mère en se relevant précipitamment.
– Et moi, je prends ceci pour faire un compte rond ! m’écriai-je, en
ramassant le paquet de toile cirée. »
L’instant d’après, nous dévalions l’escalier dans les ténèbres, laissant
notre chandelle auprès du coffre vide ; nous prenions la porte et nous
gagnions au pied. Le brouillard commençait à se dissiper et la lune éclairait
déjà en plein les hauteurs qui nous entouraient ; heureusement pour nous, le
chemin creux et les environs de l’auberge se trouvaient encore plongés dans
la brume et une obscurité relative favorisait notre fuite, au moins au début.
Mais nous avions à franchir un espace éclairé, à peu près à mi-chemin du
village. Et le pis, c’est qu’un bruit de pas nombreux se faisait déjà entendre
derrière nous. Bientôt, nous eûmes la certitude que ces pas étaient ceux
d’une troupe d’hommes se dirigeant vers l’auberge et dont l’un portait une
lanterne.
« Mon enfant, dit tout à coup ma mère, prends l’argent et sauve-toi !…
Je crois que je vais défaillir. »
C’était fini : nous allions être pris !… Ah ! que j’en voulais à nos voisins
de leur indigne lâcheté !… Par bonheur, nous touchions presque au petit
pont. Tant bien que mal, j’aidai ma mère à marcher jusqu’au bord du fossé.
En y arrivant, elle poussa un soupir, et tomba évanouie sur mon épaule. Je
ne sais où je trouvai la force nécessaire pour la pousser où plutôt la traîner
jusqu’au fond du fossé, tout contre l’arche du pont. Je ne pouvais faire
plus : le pont était trop bas pour me permettre autre chose que de me cacher
dessous, mince comme j’étais, en rampant sur les genoux et les mains. Il
fallut donc rester là, ma mère presque absolument en vue de la route, et tous
deux à portée de voix de l’auberge.