【法语版】L'île au trésor 金银岛VII (3)
VII Le cuisinier du navire (3)
Jusqu’ici tout a marché comme sur des roulettes. Les ouvriers chargés du gréement
et des radoubs mettent un temps de tous les diables à faire leur ouvrage ; mais enfin
nous en sommes venus à bout. Ce qui m’a donné le plus de mal, c’est la formation
de l’équipage. Il me fallait au moins une vingtaine d’hommes, pour le cas où nous
trouverions des sauvages dans l’île, ou en mer quelqu’un de ces maudits Français ; mais
j’avais eu d’abord tout le mal du monde à en recruter une demi-douzaine, quand un
coup du ciel m’a fait précisément tomber sur l’homme de la situation. C’est un vieux
marin avec qui, par le plus grand des hasards, je suis entré en conversation dans le
bassin même du radoub. Il tient à Bristol une auberge de matelots, ce qui fait qu’il
les connaît à peu près tous. J’ai appris qu’il voulait se remettre à naviguer, sa santé se
trouvant mal de l’air de terre, et qu’il cherchait un emploi de cuisinier sur un bâtiment
quelconque. Il se promenait par là pour humer la brise du large, au moment où j’ai fait
sa connaissance, et ces détails m’ont beaucoup touché. Vous l’auriez été comme moi ;
aussi l’ai-je immédiatement engagé en qualité de cuisinier de l’Hispaniola. Il se nomme
John Silver, et il a perdu une jambe. Mais cela même lui sert de recommandation à
mes yeux, car cette jambe, il l’a perdue au service du pays sous le commandement de
l’immortel Hawke. Et dire que ce pauvre homme n’a même pas de pension, Livesey !
Dans quel temps vivons-nous, mon Dieu !…
Écoutez la fin. Je croyais avoir seulement trouvé un cuisinier. Il se trouve que j’ai en
même temps mis la main sur un équipage. Aidé de Silver, j’ai enfin trouvé ce qu’il
nous faut. C’est le plus étrange assemblage de loups de mer que vous puissiez imaginer.
Pas beaux à voir, c’est certain ; mais tous rudes marins, avec des figures tannées dont
l’énergie fait plaisir à contempler. Je vous assure que des gaillards pareils n’auraient
pas peur d’une frégate.