【法语版】L'île au trésor 金银岛VIII (5)
VIII À l’enseigne de la Longue-Vue(5)
Tout en parlant ainsi, il allait et venait dans la salle, en sautant avec l’aide
de sa béquille, donnant de grands coups de poing sur les tables, et au total
montrant une indignation de bon aloi qui aurait suffi à convaincre un juge
de Bow-street ou d’Old-Bailey. Mes soupçons venaient de se réveiller en
trouvant Chien-Noir à Longue-Vue, et j’étudiais de près notre cuisinier. Mais
il était trop malin pour se trahir, ou j’étais trop jeune pour voir qu’il jouait un
rôle. Quand les deux hommes partis à la poursuite du fuyard revinrent, hors
d’haleine, en déclarant qu’ils avaient perdu sa trace dans la foule, et quand
j’eus assisté à la scène que leur fit à ce sujet John Silver, je me serais porté
caution pour lui devant tous les tribunaux du monde.
« Convenez, Hawkins, que je n’ai pas de chance ! me dit-il en revenant
vers moi. Ce qui m’arrive n’est-il pas absurde ? Que va penser de moi le
capitaine Trelawney ? Avoir chez moi, dans ma maison, ce damné fils de
Hollandais en train de boire mon meilleur rhum !… en être immédiatement
averti par vous !… et le voir me glisser entre les mains !… C’est trop fort !
… Mais je compte un peu sur vous, Hawkins, pour porter témoignage en ma
faveur auprès du capitaine.
« Vous n’êtes qu’un enfant, c’est vrai, mais vous avez autant de cervelle
qu’un homme. Je l’ai vu d’abord quand vous êtes entré. Mais aussi, à quoi
suis-je bon, avec cette vieille béquille ? Quand j’étais jeune et que j’avais
mes deux jambes, je vous réponds que je l’aurais amarré, le Chien-Noir, et
qu’il n’aurait pas été long à se voir orné d’une paire de bracelets !… mais
maintenant !… »