【法语版】L'île au trésor 金银岛X (2)
X Le voyage(2)
Et l’équipage répétait en chœur :
Yo-ho-ho ! Yo-ho-ho !
Qui voulaient la bouteille !
Au troisième ho !… le cabestan se mit à virer, et les hommes à courir en
poussant les barres avec une force irrésistible.
Même à ce moment où ma curiosité était si vivement excitée par ce
spectacle, ce refrain me fit penser à l’Amiral-Benbow. Il me sembla que
j’entendais parmi toutes ces voix celle du « Capitaine ». Mais bientôt l’ancre
sortit de l’eau ; on put la voir s’égouttant à l’avant ; les voiles se gonflèrent,
faiblement d’abord ; la côte et les navires semblèrent prendre la fuite ; et je
n’avais pas encore eu le temps de me jeter dans mon hamac pour prendre un
peu de repos, que l’Hispaniola s’envolait déjà vers l’île au trésor.
Je ne raconterai pas en détail notre voyage. Il fut assez heureux. Le
schooner était fin voilier ; l’équipage avait l’habitude de la mer et le capitaine
connaissait son métier. Il suffira donc de noter deux ou trois évènements qui
se produisirent avant notre arrivée en vue de l’île.
Et d’abord, M. Arrow ne justifia que trop le jugement porté sur lui par le
capitaine. Il n’avait aucune autorité sur l’équipage, et les hommes faisaient
de lui ce qu’ils voulaient. Mais ceci n’était rien encore. Nous n’étions pas
en mer depuis vingt-quatre heures, qu’il commença de se montrer sur le
pont avec des signes d’ivresse manifeste : il avait le regard vague, les joues
rouges, la langue épaisse, la démarche indécise. Plusieurs fois, le capitaine
dut pour ce fait le mettre aux arrêts. Il lui arrivait de tomber et de se blesser
en descendant l’escalier de l’entrepont : d’autres fois il restait tout le jour
dans son hamac, sur l’un des côtés de la grande cabine. De temps à autre,
il paraissait avoir pris de meilleures résolutions, passait deux ou trois jours
sans boire, et alors il s’acquittait passablement de ses devoirs.