【法语版】L'île au trésor 金银岛X (4)
X Le voyage(4)
À bord, il portait sa béquille suspendue à son cou par une courroie, afin
d’avoir les deux mains libres. Rien de curieux comme de le voir se servir
de cette béquille ainsi que d’un étai, dont l’extrémité reposait contre un
appui quelconque, et, se laissant ainsi aller au roulis, faire sa cuisine aussi
tranquillement qu’à terre. Mais le plus extraordinaire était de le voir courir
sur le pont par un gros temps. On avait tendu des haussières à son usage dans
les endroits les plus difficiles, et il s’en servait avec une adresse inouïe pour
sauter d’un point à un autre, tantôt s’aidant de sa béquille, tantôt la traînant
après lui par la courroie, mais toujours plus vite qu’aucun matelot n’aurait pu
faire avec ses deux jambes. Cela n’empêchait pas ceux qui avaient autrefois
navigué avec lui de le plaindre beaucoup d’en être réduit là.
« John n’est pas un homme ordinaire, me disait un jour le second maître.
Il a eu de l’instruction dans ses jeunes années et il parle comme un livre
quand il veut s’en donner la peine. Et brave comme un lion, par-dessus le
marché !… Je l’ai vu, moi qui vous parle, attaqué, sans armes, par quatre
hommes et en ayant raison en se servant de la tête des uns pour casser celle
des autres !… »
Tout l’équipage le respectait et même lui obéissait. Il avait une manière
à lui de se faire bien venir de chacun par quelque petit service. Pour moi, il
était excellent, me faisait toujours grand accueil dans sa cuisine, où les plats
brillaient comme des sous neufs, sous la cage de son perroquet.