【法语版】L'île au trésor 金银岛XII (3)
XII Conseil de guerre(3)
« Oui, c’est bien l’endroit, et joliment bien dessiné ! dit-il. Qui peut
bien avoir dressé cette carte ? je me le demande. Ce ne sont sûrement pas
les pirates, qui étaient bien trop ignorants !… Ah ! voilà le « Mouillage
du capitaine Kidd », comme l’appelait mon camarade !… Il y a là un fort
courant allant au Sud, puis au Nord et à l’Ouest, le long de la côte. Vous avez
eu bien raison, capitaine, d’appuyer sur le vent et de laisser l’île à bâbord, –
au moins si votre intention est d’y mouiller, il n’y a pas de meilleure relâche
dans ces parages…
– C’est bien, mon brave, répondit le capitaine. Vous pouvez aller… Si
j’ai encore besoin du secours de votre expérience, je vous le dirai. »
J’étais stupéfait de l’audace avec laquelle John Silver avouait connaître
l’île. Presque aussitôt, à ma frayeur extrême, il se rapprocha de moi. Certes,
il ne pouvait se douter que du fond du tonneau aux pommes j’avais entendu
l’exposé de ses atroces projets ; et pourtant je venais de concevoir une
horreur si vive de sa cruauté et de son hypocrisie, que je pus à peine réprimer
un tressaillement en le voyant poser sa main sur mon épaule.
« Ah ! fit-il, c’est un vrai paradis que cette île pour un garçon de ton âge !
Vas-tu t’en donner, de grimper aux arbres, de te baigner, de poursuivre les
chèvres sauvages et d’escalader les montagnes !… Rien que d’y penser, je
me sens rajeunir de trente ans !… je ne pense plus à ma béquille !… Est-ce
assez bon, tout de même, d’être jeune et d’avoir ses dix doigts aux pieds !…
Quand tu iras à terre, fillot, ne manque pas de venir trouver le vieux John ;
ce sera bien le diable s’il ne te remplit pas les poches pour ton goûter !… »
Sur quoi il me passa amicalement la main sur l’épaule et descendit en
clopinant dans les régions inférieures.