【法语版】L'île au trésor XVI (2)
XVI Le fortin (2)
L’attente devenait intolérable. Il fut décidé que Hunter et moi nous
irions aux nouvelles dans le petit canot. Les chaloupes s’étaient dirigées
vers la droite. Nous nous dirigeâmes vers le fortin indiqué sur la carte. Ce
mouvement parut inquiéter les deux hommes qui gardaient les chaloupes ;
nous les vîmes se consulter. S’ils étaient allés avertir Silver, les choses
auraient sans doute tourné bien différemment. Mais sans doute ils avaient
leur consigne, car ils se décidèrent à rester tranquillement à leur poste, et
celui qui sifflotait reprit cet exercice musical.
La côte présentant un léger renflement, je dirigeai mon canot de manière
à mettre ce renflement entre eux et nous, de façon qu’ils cessèrent de nous
voir avant même que nous eussions touché terre. En sautant sur la grève, je
pressai le pas autant qu’il était possible sans courir, après avoir eu soin de
mettre un grand mouchoir de soie sous mon chapeau pour me garantir du
soleil. Je tenais la main sur mes pistolets tout armés.
En cent pas, j’arrivai au fortin. Il était assez ingénieusement établi sur
un monticule au pied duquel jaillissait une source, et se composait d’un
bâtiment carré, formé de troncs d’arbres et crénelé sur les quatre faces ; une
quarantaine d’hommes pouvaient aisément s’y loger et s’y défendre par un
feu de mousqueterie. Autour de ce bâtiment, les arbres et les broussailles
avaient été coupés dans un rayon assez étendu, de manière à l’isoler de tout
obstacle qui pût couvrir des assaillants. Enfin, tout autour du monticule, et
de manière à enclore la source, régnait une forte palissade de six pieds de
haut, sans porte ni solution de continuité, formée de pieux trop lourds pour
qu’il fût aisé de les arracher, trop espacés pour que des assiégeants pussent
s’en faire un abri. On devait donc les voir venir du fort et les tirer en toute
sûreté, comme des lapins. Au total, les choses étaient arrangées pour qu’une
poignée d’hommes pût tenir là contre un régiment.