【法语版】L'île au trésor XVIII (3)
XVIII Comment se termina(3)
« Est-ce que je m’en vais, docteur ? me demanda le blessé d’une voix
faible.
– Vous allez au repos éternel, mon brave, lui dis-je avec la franchise qu’il
réclamait de moi.
– J’aurais aimé à leur envoyer une balle ou deux ! fit-il avec un soupir.
– Mon pauvre Redruth, dites-moi que vous me pardonnez ! murmura le
squire.
– Ce ne serait guère respectueux, maître, protesta le vieux serviteur… ;
mais, puisque vous le désirez – Amen !… »
Après un moment de silence, il dit qu’il souhaitait que quelqu’un lût une
prière.
« C’est l’usage, Monsieur ! » ajouta-t-il en manière d’excuse.
Puis il expira, sans avoir prononcé d’autres paroles.
Cependant le capitaine était en train de vider ses poches, et ce qu’il
en tirait me donnait enfin l’explication des bosses singulières que j’avais
remarquées sur sa personne depuis que nous avions quitté le schooner :
c’étaient des pavillons anglais, un rouleau de corde, un encrier, des plumes,
le livre du bord, plusieurs paquets de tabac et d’autres choses encore. Il avait
déjà trouvé un sapin de bonne longueur couché dans l’enclos de la palissade,
et, avec l’aide de Hunter, il le dressait à l’un des angles du blockhaus, dans
l’entrecroisement des troncs d’arbres. Grimpant alors sur le toit, il attacha
un pavillon à sa corde, et, de ses propres mains, il le hissa au mât.
Cela fait, il parut beaucoup plus à son aise, et se mit à faire le
dénombrement de nos provisions, comme s’il n’y avait pas au monde
d’affaire plus importante. Cela ne l’empêchait pas de suivre du coin de l’œil
l’agonie du pauvre Redruth ; car à peine eut-elle pris fin, qu’il déploya un
autre pavillon et l’étendit respectueusement sur le cadavre.