【法语版】L'île au trésor XXI (3)
XXI L’assaut(3)
Comme l’avait dit le capitaine, la froidure était passée. Le soleil n’eut
pas plus tôt dépassé notre ceinture d’arbres qu’il inonda la clairière de ses
rayons et en un instant eut pompé les vapeurs. Bientôt le sable fut brûlant et
la résine se mit à grésiller sur les troncs d’arbres du blockhaus. On mit bas
habits et jaquettes, et en bras de chemise, les manches retroussées jusqu’au
coude, nous attendîmes, chacun à notre poste, dans une fièvre d’impatience.
Une heure s’écoula.
« Le diable les emporte ! dit le capitaine. C’est aussi assommant qu’un
calme plat.
Presque au même instant, le premier symptôme de l’assaut se produisit.
– S’il vous plaît, Monsieur, dit Joyce avec sa politesse habituelle, dois je tirer, si je vois quelqu’un ?
– Bien sûr ! s’écria le capitaine. Je vous l’ai déjà dit.
– Merci, Monsieur », répondit Joyce avec la même politesse inaltérable.
Rien ne suivit immédiatement, mais cette remarque nous avait mis sur
le qui-vive, écarquillant les yeux et les oreilles, les fusiliers leur arme à la
main, le capitaine debout au milieu de la salle, les lèvres serrées et le sourcil
froncé.
Quelques secondes se passèrent ainsi. Puis tout à coup Joyce épaula son
arme et tira. La détonation ne s’était pas plus tôt fait entendre, qu’une volée
de coups de feu éclata au-dehors, de tous les côtés de l’enclos. Plusieurs
balles ennemies frappèrent le blockhaus, mais pas une n’y entra. Quand la
fumée se fut dissipée, les bois d’alentour avaient repris leur aspect calme et
désert. Pas une branche d’arbre ne s’agitait, pas un scintillement d’acier ne
révélait la présence de l’ennemi.