【法语版】L'île au trésor XXII (4)
XXII Comment je repris la mer(4)
Saisissant donc un moment où le squire et Gray étaient occupés à
renouveler le pansement du capitaine, – je me glissai jusqu’à la palissade,
je la franchis, et j’avais détalé dans les bois avant que mon absence eût
seulement été remarquée.
C’était ma seconde équipée, plus imprudente encore que la première ; car
je ne laissais que deux hommes valides pour défendre le fort. Et, comme
celle-là pourtant, elle devait servir à notre salut.
Je me dirigeai tout droit vers la côte orientale, car j’avais décidé de longer
la langue de terre en question du côté du large, pour éviter d’être aperçu par
les pirates. L’après-midi était déjà très avancée, mais le soleil n’avait pas
encore disparu à l’horizon et la chaleur était accablante. Tout en marchant
dans les bois, j’entendais le grondement lointain des brisants, et en même
temps l’agitation des feuilles et des hautes branches me montrait que la brise
de mer était assez forte. Bientôt l’air devint plus vif et plus frais. Encore
quelques pas et je débouchais sur la lisière du fourré. Au loin, la mer bleue
s’étendait jusqu’à l’horizon. Presque à mes pieds, les flots venaient rouler
en écumant sur la grève ; car jamais ils n’étaient calmes autour de l’île
du Trésor ; le soleil pouvait être brûlant, l’atmosphère sans souffle, la mer
rester au large aussi unie qu’un miroir : toujours d’énormes vagues faisaient
retentir leur tonnerre le long de la côte ; il n’y avait pas un seul point de
l’île où, nuit et jour, on n’entendit leur mugissement, plus ou moins affaibli
par la distance.