【法语版】L'île au trésor XXVIII (2)
XXVIII Aux mains de l’ennemi(2)
L’aimable surprise pour ton vieil ami ! Je savais bien que tu étais un finaud.
Je te l’ai dit la première fois que je t’ai vu. Mais ceci, je l’avoue, passe mes
prévisions… »
Je ne soufflais mot, on peut le supposer, et je restais immobile, le dos
collé au mur, comme on m’avait placé, regardant Silver bien en face et sans
montrer de faiblesse, – je l’espère au moins, – mais avec un affreux désespoir
au cœur.
Silver tira une ou deux bouffées de sa pipe, avec le plus grand calme,
puis il reprit :
« Puisque tu es ici, Jim, j’en profiterai pour te parler franchement. J’ai
toujours eu de l’affection pour toi, garçon, car tu es mon portrait vivant, de
l’époque où j’étais jeune et beau ; j’ai toujours souhaité te voir avec nous,
afin que tu prennes ta part du magot et que tu puisses mourir un jour dans
la peau d’un gentleman. Or, te voilà ici, mon poulet. Ne perds pas cette
occasion. Le capitaine Smollett est un marin de vieille roche, ce n’est pas
moi qui dirai le contraire, mais un peu dur sur la discipline, un peu dur…
« Le devoir avant tout », il ne sort pas de là. Et il n’a pas tort. Fais attention
au capitaine, Jim. Si tu m’en crois, tu te tiendras à distance respectueuse de
ses eaux… Le docteur lui-même est enragé contre toi. « Ce déserteur ! »
voilà comment il t’appelle… Bref, mon garçon, tu ne peux pas revenir à eux,
car ils ne veulent plus de toi. À moins donc de former un tiers parti à toi
tout seul, ce qui ne sera pas très gai, il ne te reste plus qu’à t’enrôler sous
le capitaine Silver. »