【法语版】L'île au trésor XXVIII (5)
XXVIII Aux mains de l’ennemi(5)
– Eh bien, m’écriai-je, je ne suis pas assez sot pour ne pas deviner à peu
près ce qui m’attend… Advienne que pourra !… J’ai vu trop souvent la mort,
depuis quelques jours, pour beaucoup la craindre… Mais il y a une chose ou
deux que je suis bien aise de vous dire, repris-je en m’animant. La première,
c’est que votre position n’a rien pour me tenter : vous voilà sans navire, sans
trésor, réduits à cinq, ayant, en un mot, absolument raté votre affaire… Et
si vous voulez savoir quel est celui qui vous l’a fait manquer, je vais vous
l’apprendre. C’est moi !… J’étais caché dans le tonneau aux pommes, le soir
où nous sommes arrivés en vue de cette île. Je vous ai entendu, Silver, et
vous aussi Dick, et Israël Hands qui est maintenant au fond de la mer. Une
heure ne s’était pas écoulée que j’avais tout dit au capitaine, au docteur et au
squire… Quant au schooner, c’est moi qui ai coupé son amarre ; c’est moi
qui ai tué les hommes qui le gardaient ; c’est moi qui l’ai conduit où vous
n’irez pas le chercher, ni les uns ni les autres !… J’ai le droit de rire, allez, car
j’ai tout dirigé depuis le commencement jusqu’à la fin !… Je ne vous crains
pas plus que je ne crains une mouche. Tuez-moi si vous voulez, ou épargnez
ma vie, cela m’est parfaitement égal… Je n’ajouterai qu’un mot. Si vous
m’épargnez, je vous ménagerai à mon tour, quand vous comparaîtrez en cour
martiale pour piraterie, et je ferai mon possible pour vous sauver. À vous de
choisir. Si vous me tuez, cela ne vous servira pas à grand-chose. Si vous me
laissez la vie, peut-être pourrai-je empêcher que vous soyez pendus… »