【法语版】L'île au trésor XXVIII (8)
XXVIII Aux mains de l’ennemi(8)
Il y eut un long silence. J’étais toujours debout contre le mur, mon cœur
battait lourdement comme un marteau sur une enclume, mais repris d’un
vague espoir. Silver, les bras croisés, la pipe au coin des lèvres, semblait
absorbé dans ses réflexions, mais ne perdait de vue aucun des mouvements
de la bande indisciplinée. Peu à peu les hommes s’écartaient au fond de la
salle ; ils chuchotaient, et le sifflement de leurs paroles m’arrivait comme
dans un rêve. Je crus comprendre pourtant qu’il n’était plus question de moi,
car, à la lueur rouge de la torche, je les voyais l’un après l’autre tourner leurs
regards vers Silver.
« Vous semblez avoir beaucoup à dire, remarqua celui-ci en crachant
devant lui. Voyons un peu ce que c’est ; je vous écoute.
– Faites excuse, capitaine, répondit un des hommes ; mais vous en prenez
à l’aise avec le règlement… Cet équipage est mécontent… Cet équipage
n’aime pas être traité comme un tas de vieux fauberts… Cet équipage a ses
droits comme tout autre équipage, si j’ose ainsi dire… D’après les règles
que vous avez établies vous-même, nous avons le droit de nous concerter
librement et de tenir conseil… C’est ce que nous allons faire, en sortant à
cet effet, capitaine, sauf votre respect. »
En finissant ce discours, l’orateur salua John Silver avec un singulier
mélange d’humilité et de bravade, puis il quitta la salle. Les autres suivirent.
Et tous, en passant devant leur capitaine, ils le saluaient de quelques
excuses :
« Selon le règlement, disait l’un.