【法语版】L'île au trésor XXVIII (10)
XXVIII Aux mains de l’ennemi(10)
– Ce que je pourrai, je le ferai, dis-je enfin.
– Affaire conclue ! s’écria Silver. Ah ! tu n’as pas froid aux yeux, petit !
… Et mille tonnerres, nous verrons si John Silver ne sait pas jouer sa dernière
carte !…
Il alla en sautillant jusqu’à la torche et ralluma sa pipe.
« Comprends-moi bien, Jim, dit-il en revenant vers moi. Je ne suis pas
une bête, n’est-ce-pas ?… Et c’est pourquoi, de ce moment, je me remets
du côté du squire… Tu sais évidemment où est le schooner et où aller le
retrouver… Comment cela s’est fait ? je n’en ai pas la moindre idée… Sans
doute Hands et O’Brien ont tourné casaque. Je n’ai jamais eu grande foi dans
leur poudre… Mais il ne s’agit pas de cela. Je ne te demande rien, et je ne
te dirai rien de mes affaires… Je sais reconnaître quand la partie est perdue,
voilà tout, comme je sais rendre justice à qui le mérite… Ah ! Jim, si nous
avions su nous entendre, que de choses nous aurions pu faire, toi et moi !… »
Il tira un peu de rhum du tonneau, dans un gobelet d’étain.
« En veux-tu, petit ? » me demanda-t-il.
Et sur mon refus :
« Ma foi, je vais toujours boire une goutte, reprit-il. Il faut prendre des
forces, j’en aurai besoin tout à l’heure. Mais dis-moi un peu, Jim, pourquoi
diable le docteur m’a donné la carte de l’île ?… »
À cette nouvelle, ma physionomie exprima sans doute une si profonde
surprise, que Silver jugea inutile de m’interroger davantage.
« Cela t’étonne aussi ? dit-il. C’est pourtant l’exacte vérité. Et il y a
sûrement quelque chose là-dessous, Jim, quelque chose que je ne m’explique
pas ! »
Et il secoua sa grosse tête ébouriffée, avant d’avaler son rhum, en homme
qui n’attend rien de bon d’une pareille concession.