【法语版】L'île au trésor XXXI (5)
XXXI La chasse au trésor (5)
Un grand arbre était donc le repère principal. Or, droit devant nous, la
baie se trouvait bornée par un plateau de deux à trois cents pieds de haut,
qui rejoignait au Nord la croupe méridionale de la Longue-Vue et se relevait
au Sud pour former l’éminence abrupte du Mât-de-Misaine. Ce plateau était
couvert de pins de toute grandeur. De loin en loin, il y en avait un d’espèce
différente, qui s’élevait à trente ou quarante pieds au-dessus des autres ; mais
lequel de ces géants était le « grand arbre » du capitaine Flint ? C’est une
question qu’on pourrait seulement trancher sur le lieu même et à l’aide de la
boussole. Mais cela n’empêchait pas chaque homme d’avoir choisi un favori
parmi les arbres, avant même que nous fussions à moitié chemin. Seul, John
Silver haussait les épaules et leur disait d’attendre au moins d’être arrivés.
Nous ramions lentement par ordre de Silver, afin de ne pas nous harasser
avant d’aborder. Aussi fûmes-nous assez longtemps à prendre terre près de
l’embouchure du second cours d’eau, celui qui descend le long d’une vallée
ombreuse formée par deux contreforts de la Longue-Vue. De là, tournant à
gauche, nous commençâmes à monter la pente vers le plateau.
Tout d’abord, une terre, lourde et boueuse, couverte de roseaux et de
broussailles, retarda beaucoup notre marche ; mais petit à petit la pente
devint plus raide et pierreuse, les buissons s’espacèrent en changeant
d’aspect ; nous ne tardâmes pas à atteindre ce qui était tout simplement la
zone la plus agréable de l’île. Des bruyères parfumées, des arbustes couverts
de fleurs avaient succédé aux produits marécageux de la côte. L’arbre à
cannelle mêlait sa senteur épicée à l’arôme des grands pins. L’air était frais
et léger, en dépit des rayons du soleil qui tombaient d’aplomb sur nous.